Le feu vert du gouvernement à la ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Dax a ravivé l'inquiétude de vignerons de Sauternes et Barsac, qui redoutent que le tracé retenu "détruise" leur appellation d'origine contrôlée (AOC).
"Nous sommes très inquiets parce qu'on a l'impression que tout est décidé (...) L'impact environnemental et climatique n'a pas été pris en considération", a déclaré Stéphane Wagrez, président de la commission promotion de l'appellation Sauternes-Barsac et par ailleurs gérant du Château La Bouade, à Barsac (Gironde), au cours d'un point presse organisé mercredi à Paris.
Le gouvernement a validé samedi la réalisation de la LGV Bordeaux-Dax, en dépit d'avis défavorables de la commission d'enquête publique.
Selon Stéphane Wagrez, le tracé retenu doit notamment longer et franchir trois fois la rivière Ciron. "Comment peut-il ne pas y avoir d'incidence sur ce ruisseau"?, s'est-il interrogé.
Ces producteurs de vins liquoreux de Bordeaux avaient déjà manifesté fin 2014 leur crainte que la LGV ne perturbe le micro-climat généré par les eaux froides du Ciron, qui créent une brume matinale propice au botrytis, un champignon donnant au raisin local son arôme spécifique.
"Le micro-climat que l'on a grâce à ce petit ruisseau est indispensable pour notre terroir, pour notre AOC", a affirmé le vigneron. "L'appellation sans cette particularité ne pourra plus exister, parce qu'une AOC c'est un terroir et à partir du moment où on modifie l'aspect climatique, on perd notre âme, on perd notre identité", a-t-il ajouté.
Stéphane Wagrez a pointé le silence des membres du gouvernement concernés par ce problème, Ségolène Royal et Stéphane Le Foll : "Comment la ministre de l'Ecologie peut-elle ne pas réagir ?
Comment le ministre de l'Agriculture peut-il permettre qu'un ouvrage détruise une AOC"?
Ces vignerons, en pleines vendanges, vont "étudier les possibilités de recours" contre la décision du gouvernement afin d'au moins "faire modifier le tracé", a-t-il prévenu.
(Source AFP)