Tire-bouchon, corkscrew, sacacorcho, korkenzieher, cavatappi, autant de noms que de langues (français, anglais, espagnol, allemand ou italien) qui nomment cet ustensile indispensable pour satisfaire notre plaisir et sans lequel, il est aujourd'hui, bien difficile d'avoir "accès" à la boisson de Bacchus et Dionysos.
Mais tous les tire-bouchons n'ont pas la même valeur!!
À ce titre, la vente aux enchères, en l’Hôtel des ventes Lyon Brotteaux le 11 avril 2013, est instructive. Un tire-bouchon de poche en or jaune, élaboré au XIXe à Sheffield, au Royaume-Uni, y a trouvé preneur à 510 €.
Des centaines de clubs, cercles et associations regroupent les héliatophiles, collectionneurs de ce petit outil devenu culte. Objet utilitaire mais aussi décoratif, la valeur d’un tire-bouchon dépend de facteurs propres à toute œuvre d’art, à ses matériaux (essence de bois, corne, ivoire, argent et or), aux décors ou incrustations, à son façonnage (artisan ou manufacture), à son numéro de série, à la complexité du mécanisme ou à son état de conservation. Une expertise proche de celle d’un grand vin.
La comparaison avec le breuvage ancestral est d’autant plus étonnante que si boire et entreposer du vin est une pratique attestée depuis le néolithique – 5 000 ans avant Jésus-Christ – l’usage du tire-bouchon est quant à lui étrangement récent. Créé, selon les versions historiques, par les Français dès 1650, ou bien officiellement en 1795 par le dépôt du brevet de l’Anglais Samuel Henshall, il fut néanmoins longtemps possible de se passer d’un tel instrument.
Le vin étant longtemps entreposé dans des jarres ou amphores en terre cuite puis en barriques, il revenait à l’échanson ou au sommelier de le garder en fûts au cellier. Lorsque le besoin de le servir se présentait, on le soutirait et le transposait directement dans des pichets, carafes ou autres contenants avant de le verser, à la demande, dans des gobelets, coupes ou verres. Par ailleurs, en France, la vente du vin en bouteille ne fut autorisée qu’en 1728.

Dans un premier temps, l’usage de broquelet, d’étoupe de chanvre ou de linge ciré colmate l’ouverture des cols de bouteille. Mais très vite, le souci d’efficacité des négociants britanniques et le constat d’une meilleure conservation du vin en bouteille amèneront les embouteilleurs à introduire un bouchon en liège, provenant notamment des chênaies du Portugal, où les Anglais possédaient de nombreux vignobles.
Simple ustensile ou objet de collection
Si pour vous le tire-bouchon est avant tout un ustensile pour ouvrir vos (précieux) flacons alors il n'y a pas de danger que pour vous offrir le modèle adéquat vous ayez besoin de casser votre trirelire. Par contre, si ce petit objet vous fait tourner la tête plus que le bouchon, alors là attention à l'addition (voir l'addiction) qui peut vite devenir salée.
(Avec le RVF)
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