Pour ce onzième mois de l’année, la dégustation mensuelle des Compagnons va les conduire vers une référence de l’appellation Saint-Julien.
Le château Lagrange est connu au Moyen-âge sous le nom de maison noble de Lagrange Monteil et l’on retrouve la trace des divers propriétaires depuis 1631.
Le Comte Duchatel, marque à la fois la propriété et le Médoc en étant l’initiateur du drainage des vignes.
Le Comte porte la production à 300 tonneaux. C’est la grande époque de Lagrange qui en 1855 voit le classement lui attribuer la position de troisième grand cru classé.
Puis le domaine connaît une longue période difficile avant son rachat par la société nippone Suntory qui apporte les capitaux nécessaires à la spectaculaire rénovation du domaine.
Marcel Ducasse, recruté dans ce but, a dirigé de 1984 à 2007 avec succès cette entreprise, l’accompagnant d’une profonde restructuration de l’exploitation. En mai 2007, Bruno Eynard succède à Marcel Ducasse à la direction de Lagrange après l’avoir assisté à la direction technique pendant 17 ans.
Totalement situé sur l’appellation Saint-Junien, le vignoble, d’un seul tenant, s’étend sur deux croupes de graves d’origine « Gunziennes » orientées Nord-Sud. Tantôt fines tantôt plus grossières, ces graves sont accompagnées soit de sable soit d’argile ferrugineuse.
Sur une surface totale de la propriété de 157 hectares, 115 hectares sont plantés.
L’encépagement rouge, très conforme au terroir du Médoc, est constitué par 65% de Cabernet Sauvignon, 28% de Merlot et 7% de Petit Verdot. Le Cabernet Sauvignon apporte structure et aptitude au vieillissement, le Merlot, rondeur et chair, le Petit Verdot, fruit et complexité.
Vinification
Une vinification bordelaise traditionnelle est conduite dans des cuves inoxydables gérées par un système de thermorégulation. La capacité du cuvier est de l’ordre de 10 000 hectolitres répartis dans 63 cuves d’une capacité unitaire de 66 à 220 hectolitres.
La durée de cuvaison qui peut varier de 15 à 25 jours est déterminée à la dégustation en fonction de l’évolution tannique des vins en fermentation.
De façon à respecter au maximum la finesse et le fruité, la température de fermentation ne dépasse pas 28/30°C. Il en est de même des remontages qui sont limités en nombre et d’intensité modérée.
Les vins dégustés
Les Fiefs de Lagrange 2005
Robe rouge pourpre violacée à noire, très dense
Nez de fruits noirs mûrs (cassis, groseille), de la fraîcheur et du torréfié
La bouche est puissante avec des tannins et de la matière bien présents mais pas rugueux, une longueur moyenne et une finale sur le fruité et une pointe de boisé. Certains ont été gênés par un peu d’acidité. Un joli second vin avec du potentiel et un bon rapport qualité/prix.
Note 13,5/20
Château Lagrange 2006
Robe rouge pourpre violacée à noire, très dense
Nez lacté, brioche, beurre frais (malolactique pas terminée), expressif mais pour l’instant peu complexe (monolithique) puisa avec l’aération des notes de brulé, cacao amer, boisé apparaissent.
La bouche est sur la puissance maîtrisée avec là aussi beaucoup de tannins et corps qui demandent à être attendus pour plus d’équilibre. On a une bonne longueur et la finale est végétale (poivron vert) et épicée (poivre blanc). La persistance est sur des notes de fumée, torréfaction (bois de l’élevage).
Un beau vin avec un grand potentiel d’évolution entre 2016 et 2020
Note 15/20
Château Lagrange 2002
Robe rouge pourpre violacée à noire, très dense, toujours pas de signe d’évolution
Nez sur les fruits noirs (cassis), le grillé, la torréfaction, le boisé, du havane, poivron. Un nez expressif et complexe entre arômes secondaires et tertiaires.
La bouche est cette fois sur le registre de l’équilibre, on a beaucoup de finesse mais aussi de la puissance de tannins bien ronds et mûrs qui apportent une très belle longueur. La persistance est sur des notes fruitées avec une finale grillée à torréfiée.
Un très, très beau vin avec du potentiel dans un millésime pas si exceptionnel que cela. Le travail du grand Château.
Note : 16/20
Château Lagrange 1998
Robe rouge grenat tuilée orangée très marquée en bordures du disque.
Nez animal, musc, champignons (truffe), sous-bois, humus, bois précieux. Expressif
Bouche très souple et équilibrée, l’ensemble est rond et sur la finesse de la matière. On a une belle longueur et la finale est sur des notes mélangeant le végétal, le grillé et les épices. La persistance apporte des arômes de bois précieux et havane.
Superbe, on est face à un grand vin qui va encore évoluer très favorablement sur les prochaines années.
Note 17,5/20
Château Lagrange 1995
Robe rouge grenat tuilée orangée très marquée par l’âge
Nez animal, musc, champignons, sous-bois, proche du 98
La bouche joue également sur le registre de la finesse et de l’équilibre avec un peu plus de puissance (tannins et matière plus présents, on peut s’en étonner !! effet millésime ?). La longueur est très impressionnante et la persistance est nettement sur des arômes tertiaires de torréfaction, bois précieux et havane avec malgré tout une pointe de fruité.
Là aussi un joue dans la cours des grands et il est bien difficile de départager les deux millésimes.
Note : 18/20
L’excellent plat (daube de bœuf et pâtes fraîches) préparé Max a été le point final de cette très belle onzième dégustation de l’année.