L’affaire a suffisamment secoué le Landerneau du monde viticole bourguignon, les médias s’empressant de communiquer sur le sujet, qu’à moins d’être enfermé dans la bulle politique des législatives, cela m’étonnerait que vous n’ayez pas entendu parler de ce « scandale »
Mais comme on ne sait jamais, petite piqure de rappel pour les « étourdis » !!
Labouré-Roi, une des principales maisons de négoce en vins de Bourgogne, se trouve au cœur d'une vaste affaire de fraude présumée à la coupe et sur l'étiquetage, qui inquiète l'ensemble de la Bourgogne.
« Six responsables de la société ont été entendus sous le régime de la garde à vue » la semaine dernière, a indiqué le procureur de la République de Dijon, Eric Lallement, lors d'une conférence de presse.
« On peut en déduire, au nombre de bouteilles concernées, qu'il s'agissait d'un système organisée et de manière assez régulière », a-t-il ajouté, précisant que l'enquête n'était «pas terminée ».
La fraude à la coupe, également appelée « fraude sur les appellations », porte sur « 500.000 bouteilles » pour une valeur de « 2,7 millions d'euros ».
Il s'agissait par exemple pour cette société d'effectuer des coupages d'appellations dans des proportions supérieures aux 15% autorisés pour les vins de Bourgogne ou de « rajouter du vin de table ».
La tromperie à l'étiquetage concerne 1,1 million de bouteilles, dont la valeur n'a pas été estimée.
« S'il y avait une rupture de stock de Meursault 2008, le Meursault 2010 était transformé en 2008 sur l'étiquette », a détaillé le représentant du parquet qui a également évoqué le fait d'ajouter la mention « Vieilles vignes » sur ce qui n'en était pas.
« Ce qui a attiré l'attention des enquêteurs c'est le très faible différentiel sur les manquants. C'est-à-dire la perte durant la vinification entre ce qui entre comme jus de raisin et ce qui ressort comme vin », selon le procureur.
Conduite par la gendarmerie et les services de lutte contre la fraude, l'enquête porte sur la période allant de 2006 à 2008.
Lors de leurs auditions, les responsables de l'entreprise, dont les dirigeants, Louis et Armand Cottin, âgés de 81 et 82 ans, ont « reconnu les faits » tout en les mettant « sur le compte d'erreurs matérielles ou informatiques ».
Pour l'heure, aucune mise en examen n'a été prononcée et il n'y a pas eu d'ouverture d'information judiciaire, ni de qualification retenue, a indiqué le parquet.
Le code de la consommation punit la tromperie sur l'origine ou la qualité d'un produit d'une peine d'emprisonnement de deux ans et d'une amende de 37.500 euros.
« Cette affaire a jeté un trouble dans la profession. L'image du vin de Bourgogne s'en trouve altérée », a jugé le procureur de la République.
Les différents acteurs de la filière viticole bourguignonne ont d'ailleurs décidé de se réunir ce vendredi pour aborder cette affaire, a indiqué à l'AFP Michel Baldassini, président délégué du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). « On ne peut pas cautionner ce genre de pratiques. Si les faits sont avérés, on se portera partie civile au procès », a-t-il ajouté.
Armand Cottin, le directeur général délégué de Labouré-Roi, a affirmé lors d'un point presse qu'il n'y avait « pas eu de volonté de fraude. On a toujours fait des bons vins ».
« Nous sommes 3 ans après la fin de la période contrôlée et on se rapproche aujourd'hui d'un taux d'erreur proche de zéro. La direction a assumé et assumera la situation », a-t-il déclaré, sans vouloir expliquer le terme « erreur ». « Bien sûr, je crains des réactions des fournisseurs, des clients, des banques. Il faut être prêt à tout », a conclu M. Cottin souhaitant que "la société perdure pour sauver les 70 emplois".
La société vend « 10 millions de bouteilles par an » et réalise quelque « 35 millions d'euros de chiffre d'affaires » annuel, a-t-il ajouté.
Fondée en 1832, la maison Labouré-Roi a été transmise en 1974 aux frères Cottin. Elle figure aujourd'hui parmi les "10 premiers négociants de Bourgogne", selon l'interprofession.
L'action de la société a perdu 36,36% et atteint 3,50 euros.
(Source AFP)